THE HISTORY OF DAITO RYU AIKI JUJUTSU
par Dr. Robert Thivierge
Les membres du dojo Koryukan souhaitent remercier le Dr Thivierge pour sa généreuse contribution à notre site web. Nous sommes honorés de sa générosité.
Aiki Jujutsu est un art martial traditionnel japonais, dont l’essence est contenue dans son nom.
Ai signifie ‘rencontrer’ ou ‘harmonie’
Ki est l’énergie vitale qui anime toute chose vivante
Ju signifie souple
Jutsu se traduit par ‘un art’
On découvre dans l’Aiki jujutsu un art qui permet de maîtriser le conflit grâce à une harmonisation avec l’énergie vitale animant l’adversaire. Grâce à cette harmonie, il est désormais possible de faire face aux épreuves que la vie place chaque jour sur notre route.
Les origines du Daito ryu aiki remontent à l’empereur Seiwa (850 après JC).
Longtemps conservé caché par le clan Minamoto, cet art était utilisé par l’armée de l’empereur et sa garde personnelle. Les techniques du Daito ont été transmises de génération en génération au sein de la noblesse japonaise qui les maîtrisait et ont été reconnues comme art martial de la résidence du Shogun par Hoshina Masayuki à la fin du 17ème siècle.
Au cours des siècles, de nombreux maîtres de cette discipline furent d’importants seigneurs de la guerre, tel Shingen Takeda, sans aucun doute le plus célèbre dans la culture japonaise. Parmi ses descendants spirituels, dont le destin fut intimement lié au Daito ryu, on trouve Sodaku Takeda, un maître dans cet art qu’il a ravivé.
Minamoto Yoshimitsu était le fils du Prince Minamoto Yoriyoshi (Seigneur de Chinjuf) et descendant direct de l’Empereur Seiwa.
L’Empereur Seiwa était un leader sans éclat, comme la plupart des empereurs japonais. Yoshimitsu héritait d’un art qui avait été développé par ses ancêtres et dont on disait qu’il était proche de l’art sumo. Il perfectionna la discipline ce qui constitua les fondations de ce que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Daito Ryu (Daito était le nom de la résidence d’été de Yoshimitsu). La légende prétend que sa création de nouvelles technique a été influencée par son observation des mouvements de l’araignée piégeant sa proie.
Il passait aussi pour un cavalier exceptionnel et un maître du kenjutsu, jyujutsu et du sojutsu (la lance).
Au cours de la guerre de Gosamen (1083-1087), il se battit aux côtés de ses frères contre le clan Kiyohata, sous la bannière impériale (ainsi qu’on le demandait souvent aux Minamoto). Ce fut avec l’un de ses frères, Yoshiie, qu’il assiégea le château de Kanazawa, dont le siège dura un an et s’acheva sur une victoire.
Il paraît que ce fut lors de ce siège que les deux frères disséquèrent les corps de soldats ennemis morts afin d’étudier leurs anatomie. On dit que cette pratique aida Yoshimitsu à perfectionner son art martial pratiqué sans armes.
Du fait de ses exploits militaires, Yoshimitsu fut élevé au rang de Seigneur du Kai par l’Empereur. L’un des fils de Yoshimitsu, Minamoto Yoshikivo, s’installa dans le village de Takeda dans le domaine de Kai (aujourd’hui la préfecture de Yamanashi) et prit le nom de Takeda Yoshikivo. Plus tard, il succéda à son père au titre de Seigneur du Kai. Ainsi naquit le clan Takeda.
Shingen Takeda né en 1521 dans la ville de Kofu, devint Daimyo du Kai en 1541 lorsqu’il démit son père de son titre. Il était ambitieux et se révéla un brillant stratège et un formidable meneur d’hommes ; sa compréhension des questions politique en revanche n’était guère brillante comparée à son pouvoir militaire. Il fut impliqué dans de nombreuses rencontres, sans résultat, avec les clans Hojo, Imagawa, Tokugawa et Oda.
Sa plus forte rivalité fut avec Uesugi Kenshin, Daimyo d’Echigo. Ils se battirent cinq fois à Kawanakajima. Le quatrième combat est le plus remarquable le parmi les plus célèbres de l’histoire japonaise.
Au cours des années, ils développèrent le plus grand respect l’un ever l’autre ainsi que le prouve cette histoire réelle.
Le sel était une denrée importante au Japon, particulièrement dans les régions montagneuses comme le Kai où il était une denrée rare. Un certain nombre des ennemis de Takeda décidèrent d’organiser un blocus sur l’importation de sel vers le Kai. Lorsqu’il en entendit parler, Uesugi décida d’envoyer du sel à Takeda avec le message suivant : il ne désirait aucunement vaincre son ennemi grâce à un blocus sur le sel mais lors d’un Yumi-Ya (confrontation militaire). En remerciement, Takeda offrit à Uesugi une arme désormais célèbre, le Kou-no-Tachi.
En image une statue érigée sur le site ou Shingen Takeda repoussa l’attaque d’Uesugi Kenshin avec son ‘tessen’ (?) lors de la quatrième bataille de Kawanakajima le 10 septembre 1561.
On dit que, des années plus tard, lorsqu’il apprit la mort de Shingen, Uesugi pleura la perte de son ‘meilleur ennemi’.
Au cours de son règne, Shingen construisit le château de Yogai à Kofu. Il résidait sur le rivage du lac Suwa, stratégiquement placé en vue du mont Fuji.
C’est en lisant L’art de la guerre, par Sun Tzu qu’il découvrit ce qui allait devenir son célèbre Furin Kazan:
Rapide comme le vent,
Tranquille comme la forêt,
Ardent comme le feu,
Aussi immuable que la montagne.
La balle d’un sniper acheva son existence au cours du siège du château de Noga en avril 1573, alors qu’il approchait les lignes ennemies afin d’écouter un des assiégés jouer de la flûte. Sa mort fut tenue secrète pendant deux ans et son fils assuma la direction du clan. Le très reconnu réalisateur japonais, Kurosawa, fit de cet incident le sujet d’un film remarquable, Kagemusha. En février 1574, en accord avec les dernières volontés de Shingen, Kunitsugo Takeda, son neveu, fut reçu à Aizo par le Saimyo Moriuji Ashina un ami de longue date de Shingen.
Katsuyori assiégea le château de Nagashino en juin 1575 dénonçant l’alliance formée par Oda Nobugana. Dans la matinée du 29 juin 1575, la célèbre cavalerie du clan Takeda chargea en direction de la rivière Rengowaga qui avait été remplie de cordes par les défenseurs. Ceci ralentit la cavalerie de façon considérable et elle constituait dès lors une cible facile pour les arquebusiers qui les attendaient. Ils furent massacrés.
Katsuyori se retira dans le Kai. Les forces associés d’Oda et de Tokugawa envahirent le Kai et le vainquirent en 1582. Katsuyori s’infligea le seppuku. Ce fut la fin du clan Takeda comme puissance militaire.
6 générations
Hoshina Masayuki devient Seigneur de Aizu en 1643 (petit-fils de Shogun Tokugawa Ieyasu, il prit le nom de Matsudaira en 1696. Matsudaira était le nom de famille d’origine de Tokugawa Ieyasu. L’intérêt de mentionner ce Daimyo de façon spécifique dans la lignée tient au fait qu’il s’enthousiasma pour cet art dont il devint un fervent pratiquant et ce faisant a permis à l’art de survivre et se développer.)
4 générations
Soemon Takeda
Sokichi Takeda
Aizu-Wakamatsu est une ville située à l’ouest de la préfecture de Fukushima. Elle se trouve face au lac Inawashiro. La fondation du centre-ville a été initiée avec la construction d’un château par la famille Ashina. Cette dernière avait été récompensée et avait reçue le fief d’Aizu pour avoir aider les Minamoto à établir le premier gouvernement militaire japonais en 1192.
Le manoir construit par Ashina Naonari dans la première année de l’ère Shitoku (1333) s’avéra devenir la base du château. Lorsque la construction de ce dernier sera achevée en 1384, il prendra le nom de Château Kurokawa. En 1589 Date Masamune prit possession du château mais son règne fut de courte durée ; en effet, Gamo Ujisato, un serviteur de Hideyoshi, le reprit dans la 18ème année de l’ère Tensho (1591) et le renomma le Château Tsugura. En 1643, Hoshina Masayuki fut nommé gouverneur d’Aizu par son frère, le Shogun Iemitsu. Il changera plus tard son nom en Matsudaira, clan qui dirigea Aizu jusqu’à sa défaite en septembre 1868.
En octobre 1799, le Nishinkan, l’école d’arts martiaux d’Aizu, fut achevée. L’école fut fondée par Genko Tanaka. En 1874, tous les bâtiments, le donjon principal compris, furent détruit mais en Septembre 1965, l’école fut reconstruite dans son état d’origine.
Tenshyukaku est la tour principale de l’enceinte d’un château et était initialement compose d’une tour de garde située au-dessus de la maison durant la guerre civile de Sengoku (1467-1603). Au fil des ans elle a acquis une fonction de service en sus de sa fonction de défense. Durant l’ère Edo, elle était considérée comme un symbole de l’autorité du Daimyo au niveau local et devint plus un ornement. D’un simple fort, ou camp, elle devint une residence puis un bureau administrative au cours de l’ère Edo (1603-1867). Une fois le donjon ajouté en son centre, elle devint par ailleurs un point de défense. L’ensemble des bâtiments de l’enceinte est appelé « Jokaku ».
En 1868, après la défaite Durant la bataille de Toba-Fushimi, il fut ordonné de soumettre le daimyo Matsudaira Katamori. Aussi, le gouvernement attaqua-t-il Aizu ; Matsudaira se défendit en formant une alliance avec une trentaine de clans féodaux de la région de Tohoku. Ils résistèrent en gardant le contrôle du château Wakamutsu après que le château d’Edo eut été pris mais durent finalement capitulé en septembre après six mois de bataille acharnée. Le sacrifice du Boy’s Corps de Nihonmatsu et le célèbre suicide collectif du Régiment des ‘White Tigers’, deux corps formés de jeunes garçons de 17 ans et moi, eurent lieu à ce moment.
L’ère Edo
Le début de l’ère Edo
Dans l’histoire japonaise, trios hommes ont été surnommés ‘les Trois unificateurs’. Il s’agit de :
• Oda Nobunaga (1534-82)
• Toyotomi Hideyoshi (1536-98)
• Tokugawa Ieyasu (1542-1616)
Les événements qui provoquèrent la fin du clan Takeda en tant que puissance militaire furent décrits dans la biographie de Shingen Takeda. Ceci eut lieu dans la période des ‘Warring States’ et bien sûr de nombreux clans subirent le même sort que celui des Takeda et furent défaits. Si beaucoup formèrent des alliances peu purent tenir les rênes du pouvoir.
Après que les champs de bataille furent depuis longtemps désertés, ce fut Oda Nobugana qui devint le leader militaire du Japon mais il ne porta jamais le titre de Shogun. Mis à part quelques Daimyos réfractaires, le Japon était presque totalement unifié en 1582 quand Oda Nobugana fut assassiné au temple Honnoji par l’un de ses généraux Akechi Mitsuhide. Ce dernier se proclama Shogun mais son règne ne dura que 13 jours. En apprenant la nouvelle de la mort de Oda, l’un de ses plus fidèles généraux, Toyotomi Hideyoshi, tua Mitsuhide.
Ce fut pour la classe guerrière une période d’oisiveté. Togukawa mit en place le Buke Sho Hatto qui fournit aux Samurai treize règles de conduite sur la manière dont les guerriers devaient se comporter durant les périodes de paix. Afin de s’assurer que le savoir-faire développé au cours des siècles précédents ne soient pas perdus, beaucoup décidèrent de les transmettre de manière organisée. Ce fut durant cette période que la plupart des Koryu furent développés de façon formelle.
La fin de l’ère Edo
En plus de la décadence naturelle associée à un régime en place depuis plus de 200 ans, deux séries d’événements précipitèrent la fin du régime Tokugawa. D’une part des différends internes et d’autre part les visions expansionnistes du monde occidental qui voulait depuis longtemps que le Japon ouvre ses frontières au commerce.
Parmi les rares activités qu’ils avaient, les Samurai les plus hauts placés étudiaient la culture japonaise à l’Ecole national d’éducation. Les érudits de cette école, appelés kokugakushu, excluaient de leurs études toute chose n’étant pas exclusivement japonaise. L’un de ces samurai, Takayama Hikokuro était un fervent partisan de l’idée selon laquelle l’Empereur ne recevait pas le respect qui lui était du et devait être le réel chef de l’Etat.
Cette idée fort noble était évidemment alléchante pour les clans qui s’étaient trouvés parmi les vaincus à Sekigahara quelques siècles auparavant. Ils avaient toujours été maintenus à l’écart du pouvoir et ils détestaient les Tokugawa. Parmi ces clans on compte les Satsuma et les Chosu, qui étaient puissants mais isolés politiquement malgré leur haine commune pour les Togukawa.
Au cours de la première moitié du 19ème siècle, il était de notoriété publique que les britanniques possédaient des places fortes en China. Conscients de la puissance militaire des pays occidentaux les leaders japonais savaient que pour maintenir leur politique de sakoku le Japon devait faire front commun
De l’autre côté du Pacifique l’officier naval Alfred T Mahan, convainquait le président Fillmore qu’il était essentiel pour les Etats-Unis d’établir, de force si nécessaire, des relations diplomatiques avec le Japon afin d’avoir accès à ses ports. Le président Fillmore envoya une mission avec le Commandeur Matthew Perry à sa tête.
Ce dernier arriva avec ses quatre bateaux noirs dans la baie de Edo le 8 juillet 1853 avec une proposition pour l’empereur. Elle exigeait que le Japon ouvre ses ports au commerce international. Ceci constituait plus un ultimatum qu’une entreprise diplomatique. Perry annonça qu’il reviendrait au printemps 1854 pour une réponse.
Le Shogun Tokugawa aurait eu besoin du soutien des Daimyos pour avoir un pouvoir de négociation plus fort mais ne l’obtint évidemment pas.
Lorsque Perry revint en février 1854, Tokugawa n’eut pas d’autre choix que de signer le Traité de Kanagawa qui donna accès aux étrangers aux ports de Shimoda et Hakodate ; il stipulait qu’un conseiller américain résiderait à Shimoda. Ce dernier Townsend Harris arriva en 1856.
En 1858, Tokugawa Iesada décéda sans héritier. Le Roju (chef du conseil du Shogun) et les Tozama (les Daimyos des Provinces) s’opposaient sur le choix du successeur. Le Roju nomma Ii Naotsuke en tant que médiateur afin de résoudre le conflit. Ceci s’avéra une futilité et il fut assassiné le 24 mars 1860 par un groupe de samurai qui furent les précurseurs des SHISHI, une organisation vouée à expulser voire assassiner les étrangers et à restaurer le pouvoir de l’empereur.
Saigo Takamori (sans aucun lien avec Tanomo Saigo), un important fidèle et diplomate du clan Satsuma de l’île de Kyushu, favorisait les actions des SHISHI. Mais leur brutalité provoqua la colère des étrangers ; or Takamori et les Toazama savaient qu’ils ne pourraient défaire le regime Tokugawa sans l’aide des étrangers, aussi les SHISHI furent-ils éliminés.
Avant 1866 les clans Satsuma et Choshu avaient décidé de s’allier et en 1868 sous la direction militaire du Prince Arisugawa, armés de façon moderne et habillés comme leurs alliés occidentaux, ils formaient avec d’autres clans une armée surprenante. Les clans qui s’opposaient à eux (le clan Aizu notamment) ne pouvaient faire face et à l’automne 1868, la guerre civil Boshin était achevée et l’Empereur Meiji restauré dans son pouvoir.
Le traité mettant fin à la guerre civile, ‘Règlement Tosa’, laissa une certaine influence au Tokugawa. Ceci provoqua la colère des clans Satsuma et Chosu qui se révoltèrent, sous la direction de Takamori, contre l’empereur dont ils avaient préparé le retour au pouvoir. Finalement, le prince Arisugawa assiégea la château à Satsuma en 1877 et mit fin à la rebellion Satsuma. Saigo Takamori reçut une plaie par balle dans le bas de l’abdomen et pour ne pas être fait prisonnier il fut décapité (très probablement à sa demande) par l’un de ses propres serviteur. Ce fut la dernière bataille à laquelle les samouraïs participèrent.